Pourquoi ce projet a vu le jour ?
Le design ne se résume pas à créer de belles interfaces. Derrière chaque choix esthétique ou ergonomique, il y a un prisme invisible mais puissant : les biais cognitifs.
Pourtant, cette dimension essentielle est souvent laissée de côté dans les formations en Design graphique et UX / UI Design auxquelles j’ai assisté en tant qu’étudiant mais aussi en tant que formateur.
C’est à partir de ce constat que le projet a commencé à germer courant 2023.
À l’origine, TILTAN avait pour vocation de n’être qu’une petite base de données « ressource » fournie au cœur du module consacré à la psychologie de l’utilisateur de COGNITI, le Bootcamp pour former à l’UX / UI DESIGN en ligne dédié aux designers.
Un simple module parmi 6 autres dédiés à l’UX Design, l’ergonomie, la gamification, etc. Et puis, les choses se sont un peu emballées, vous savez ce que c’est.
Alors, j’ai voulu aller au-delà des simples principes de design et intégrer une compréhension profonde de la psychologie cognitive dans ma pédagogie.
À ce jour, je reste encore convaincu que comprendre l’utilisateur, ce n’est pas seulement anticiper ses attentes, c’est aussi comprendre ses limites, ses difficultés, ses contradictions et ses imperfections en tant qu’être humain pour lui proposer un service adaptées à ces réalités.
Un projet marqué par l'expérimentation et l'innovation
Au départ, ce projet devait être une simple base de données Notion avec un système de filtres avancés.
Mais après avoir rempli une soixantaine de fiches à la main, j’ai vite réalisé que l’outil n’était pas scalable, ni assez automatisable pour gérer une bibliothèque approchant des 200 biais cognitifs de manière efficace. Le danger d’abandonner la constitution de cette ressource a très sérieusement plané sur le projet, plus d’une fois.
C’est là qu’entre en scène l’intelligence artificielle. Plutôt que de perdre un temps considérable sur des tâches répétitives, j’ai conçu un processus de génération assistée, à force d’itérations et de tâtonnements pour ce projet.
La création d’un canal dédié (un « custom GPT ») m’a permis de former l’IA à mon besoin. S’est alors instauré un dialogue entre mes connaissances et un large corpus documentaire, structuré constitué d’ouvrages de références, de documents numériques et d’instructions très précises sur mes attentes en terme de qualité et d’exigence pédagogique.
In fine, j’ai abandonné la saisie laborieuse et entièrement manuelle de mes fiches de biais via Notion, au profit de documents au format JSON, format me qui me permettrait de rendre le projet interopérable pour une publication sur le web car exploitable (au même titre qu’un CSV ou un document Markdown) pour qu’il soit ensuite ingurgité dans une solution open-source comme WordPress pour élargir l’accès au projet.
Ce que j’ai fait après quelques sueurs froides afin que l’intégralité du contenu auquel vous avez accès aujourd’hui soit consultable sur un site internet.
L’IA a aussi joué un rôle clé dans la collecte de références scientifiques, me permettant d’intégrer plus de 330 sources bibliographiques pour appuyer l’ensemble des fiches de biais.
Et ce n’est pas tout : grâce à elle, j’ai pu repousser mes propres compétences en développement web en créant un système de favoris et d’espace freemium que je n’avais jamais codé auparavant.
Ce projet est donc devenu progressivement plus qu’une simple ressource sur les biais cognitifs.
C’est aussi un laboratoire d’expérimentation, mêlant UX, psychologie cognitive et technologie, où chaque étape a été pensée pour maximiser la valeur actionnable pour les designers.
Un projet structuré pour une approche pragmatique
Ce projet repose sur 187 fiches de biais cognitifs, chacune analysée sous trois angles :
- Le designer : comment ce biais peut biaiser la conception et les choix ergonomiques.
- L’utilisateur : comment ce biais influence ses décisions et son comportement dans une interface numérique.
- Le commanditaire : comment ce biais peut impacter la prise de décision stratégique.
Ainsi, après avoir mûrement réfléchi à l’architecture de mes fiches informatives sur les biais cognitifs susceptibles d’intervenir dans le cadre d’un projet numériques allaient s’enrichir des sections suivantes :
- Une définition claire et une explication de son impact au quotidien.
- Son contexte scientifique : qui l’a découvert, par quelle expérience, depuis combien de temps il est étudié.
- Des méthodes préventives concrètes issues de l’UX Design, de l’UX Research et du Design Thinking pour éviter les pièges et concevoir des expériences plus justes.
- Une sélection de ressources académiques et d’ouvrages pour approfondir le sujet.
Un outil essentiel pour les designers
Destiné en priorité aux designers UX/UI, ce projet s’adresse aussi aux chefs de projet et commanditaires qui veulent prendre des décisions plus éclairées.
Il sera également disponible en accès illimité à mes futurs étudiants en UI / UX design qui suivront mon Bootcamp en ligne « Cogniti », afin de leur offrir une véritable boîte à outils actionnable pour leur pratique.
Au-delà d’une simple formation, l’objectif est clair : changer la posture du designer.
Loin d’être un sachant omniscient, le designer doit accepter qu’il est lui-même influencé par des biais.
Prendre conscience de ces distorsions, c’est accepter une posture plus humble et plus critique face à ses propres choix.
Avec plus de 200 biais cognitifs répertoriés dans la psychologie moderne, on réalise vite que la perfection en design est une illusion.
Ce projet est une invitation à repenser la façon dont on conçoit les interfaces : avec plus de nuance, plus d’adaptabilité et surtout plus de conscience de nos propres limites.
Mais au fait, pourquoi le projet s'intitule "TILTAN" ?
Il n’aura sans doute pas échappé aux plus perspicaces d’entre vous (et aussi aux autres) : TILTAN a un éléphant pour mascotte. Un choix qui peut surprendre, mais qui fait pleinement sens.
L’éléphant est un animal à la mémoire impressionnante, souvent considéré comme l’un des mammifères les plus intelligents.
Mais c’est aussi une espèce menacée, en danger face aux bouleversements de son environnement. Cette image résonne étrangement avec notre époque.
Nous évoluons dans un monde où les biais cognitifs sont omniprésents, souvent invisibles et rarement conscientisés. Ils influencent nos décisions, nos perceptions et même notre rapport à la vérité.
À l’ère des fake news, de la « post-vérité », des bulles algorithmiques et de la rhétorique biaisée, comprendre comment notre cerveau nous trompe est plus essentiel que jamais.
TILTAN, c’est donc une invitation à la lucidité. Un rappel que l’intelligence et la connaissance ne suffisent pas sans conscience de nos propres limites. Et une façon d’ancrer ce projet dans une approche plus naturelle, plus ancrée dans la réalité de nos instincts humains, pour mieux les apprivoiser et les comprendre.
Pour le reste, la silhouette de cette mascotte est supposée évoquer un cerveau humain, un jeu visuel qui accompagne le lecteur tout au long de l’interface... même s’il ne l’a peut-être pas remarqué au premier coup d’œil.
De là, le slogan « ne vous y laissez pas tromper » pour le jeu de mot s’imposait comme quasi-obligatoire, vous vous en doutez.